Hello Julien, peux-tu nous parler de ton parcours et de comment tu as été amené à fonder Wild&Slow?
J’ai un parcours de gentil premier de la classe, prépa, école de commerce, qui s’est rebellé en bossant dans la culture puis la pub, car ça me rapprochait de ma véritable passion : le divertissement.
Cela fait maintenant 12 ans que je fais du conseil en communication, et j’ai eu le même cheminement que beaucoup de monde dans le secteur : tout ce travail pour du camembert, des petits biscuits à l’huile de palme… et pour des publicités même pas divertissantes.
Au fil du temps, j’ai eu envie de construire mon propre projet avec une envie très claire : participer à la construction d’un monde meilleur en apportant une vraie dimension émotionnelle aux projets responsables.
Cela s’est fait en deux temps : d’abord j’ai mené une grosse recherche sur les derniers travaux de l’économie comportementale avec des super auteurs comme Dan Ariely, Daniel Kahneman, Richard Thaler, qui nous font accepter que notre activité cognitive est essentiellement émotionnelle. Cela m’a amené à faire de nombreuses conférences sur le thème « Don’t sell, seduce », invitant les marques à arrêter d’essayer de nous vendre des trucs dans un contexte où de toute façon on leur fait de moins en moins confiance.
Le second temps, ça a été ma vision de plus en plus aboutie, de ce à quoi je veux participer avec mon savoir-faire. Et clairement, je ne souhaite pas participer à vendre plus de pétrole, plus de viande, plus de voitures, plus d’alcool, plus de légumes en emballage plastique, plus de vêtements neufs… et franchement j’ai ressenti que n’était pas compatible avec les environnements de travail dans lesquels je suis passé.
J’ai choisi d’entreprendre pour challenger la vision principale du métier (« on ne juge pas les clients sur ce qu’ils font » « Julien tu vas pas commencer à choisir tes secteurs » « Bienvenue dans la pub ») acquérir une indépendance d’esprit, et écrire la définition de ce que pourrait être pour moi une communication durable.
Quelle est l’expertise de l’agence et sa mission ?
Notre mission, c’est de mettre un haut niveau d’expertise en branding, campagnes de communication et marketing digital au services de tous types d’organisations oeuvrant positivement.
Les clients rentrent rarement chez nous pour des demandes de mise en page graphique. La clé d’entrée est généralement la plateforme de marque (monter en émotions, révéler la personnalité d’une marque parfois complexe), ou la stratégie de communication voire marketing à 1, 2 ou 3 ans (comment m’imposer sur un marché qui ne comprend pas mon produit, comment toucher de nouvelles cibles sans m’éparpiller, comment faire du tourisme durable un tourisme non punitif et toujours aussi stimulant, ou tout simplement comment reprendre de l’avance sur un marché qui voit de nouveaux concurrents arriver…).
On part du principe suivant : il y a tellement de monde pour nous faire la morale, qu’on préfère inspirer positivement sur ce que pourrait être le monde de demain. Et forcément là-dedans il y a une forte part d’émotionnel, d’imaginaire, voire de divertissement. En d’autres termes, on est souvent là pour emmener les marques responsables dans une nouvelle étape de leur vie, celle où on passe au-delà de la phase pédagogique, didactique, solution contre la pollution…
Pour nous, c’est comme ça que ces marques durables pourront prendre la place des entreprises qui ont complètement renoncé à s’adapter au monde actuel. Si la publicité a permis de vendre des tonnes de produits sales, imaginez ce qu’elle peut faire pour des projets vertueux !
Pour cela il faut accepter d’être vulnérable, de redescendre dans les tripes, d’accepter d’être divertissant sur des choses pourtant sérieuses. Et ça c’est notre boulot, qui commence par des ateliers où on les bouscule.
Ainsi, pour moi, la meilleure pub (qui n’en est pas une) pour l’achat de vêtements d’occasion, c’est le clip de Macklemore et Ryan Lewis, vu 1,6 milliards de fois sur Youtube.
Quel est le profil des entreprises que Wild&Slow accompagne?
On a une petite accroche publicitaire pour ça : « Nous aidons les marques Slow a révéler leur côté Wild pour devenir meilleures que les marques Fast and Furious ». Une fois cela dit, il faut mettre en place une méthode. Car je vois tellement d’entrepreneurs qui vont soit me challenger en me disant que mon concept c’est avant-tout un positionnement marketing (alias Wild&Slow c’est du greenwashing), soit avoir les même valeurs mais être perdus car de toute façon, dès qu’on a une activité économique, on pollue.
La méthode garde-fou que nous avons choisie est directement liée à nos clients. Nous publions sur notre site web les secteurs avec lesquels on travaille et on travaille (économie circulaire, green tech, tourisme durable, santé publique…) et ceux avec lesquels nous ne souhaitons pas travailler (industrie pétrolière, pesticides, secteurs controversés, industrie de la viande basée sur un modèle essentiellement industriel et intensif, ciment…).
En termes de typologie, on a aujourd’hui dans notre panel client, des organisations institutionnelles, des entrepreneurs engagés, et des PME qui prennent un tournant pour passer d’une culture orientée sales à une culture marketing. Et ça va continuer de bouger car nous explorons de nouveaux secteurs…
Qui est l’équipe qui t’accompagne ?
Nous sommes aujourd’hui trois chez Wild&Slow, bientôt quatre. Je suis accompagné d’Ezekiel Vienne au design, et de Julie Michaud en cheffe de projet digital / consultante Junior. On s’appuie aussi beaucoup sur notre réseau de partenaires de confiance, solides, avec lesquels on a des atomes crochus. Et détrompez-vous, on n’est pas nombreux, mais vous verriez le niveau des missions qu’on prend !
Quels sont vos engagements RSE ?
Si nous ne sommes pas fans du terme RSE (car on observe que les entreprises les plus polluantes ont aussi le meilleur rapport RSE), nous avons listé et publié en fin d’été dernier 9 engagements visibles ici.
Comme de nombreuses entreprises de services, nous avons pris nos dispositions sur le transport, l’équipement informatique.. pour réduire l’impact environnemental de l’agence. Mais nous refusons de mettre ce type d’engagement au premier plan car c’est souvent un prétexte à greenwashing : parce qu’on fait le choix d’acheter des vélos à nos collaborateurs, on est soudainement responsable ? Oui c’est bien certes, mais pas si on passe notre temps à faire des campagnes de communication pour les marques du vieux monde, au coeur des scandales alimentaires ou autres. C’est trop facile de s’étiqueter vert parce qu’on a investi 3000€ dans un truc cool, et qu’on continue de récolter des millions irresponsables.
Ainsi, l’engagement qui nous rend le plus fier, parce que c’est aussi le plus difficile à mettre en place et à tenir, c’est de mettre nos compétences au service de produits, services, projets et démarches compatibles avec un mode de vie durable, et de publier chaque année un suivi de notre chiffre d’affaires. Car l’impact principal d’une agence de communication, ce n’est pas sa consommation d’électricité en interne, ni les transports des 20 personnes qui la composent, mais les campagnes qu’elle réalise et qui influencent les choix de millions de personnes.
Parmi les autres engagements qui nous rendent fiers, citons aussi :
- Mettre à disposition de nos clients notre expertise en éco-conception. Nous réalisons des sites Web WordPress éco-conçus obtenant des notes entre A et B sur l’Ecoindex (sur une échelle environnementale qui va jusqu’à G).
- Participation à l’intérêt général, avec entre autres, la création à notre initiative et à nos frais de la campagne éco-citoyenne Vitamines Sauvages
Sensibilisez-vous aussi à la pollution numérique au travers de l’agence?
Of course ! Une partie importante de nos publications contribue à l’eye opening sur la pollution numérique. Et c’est important car l’industrie numérique a eu une croissance telle qu’elle représente aujourd’hui 4% des émissions de gaz à effet de serre, alors qu’il n’y a que très peu de conscience collective sur le sujet. Scroller de vidéo en vidéo sur son smartphone est tellement simple et rapide qu’on imagine même pas tout ce que ça nécessite en infrastructures, et en requêtes de données.
Je dirais même que l’industrie numérique a déjà parfois un côté has been, du côté des acteurs historiques ou des boîtes de développeurs historiques. On est déjà dans l’incapacité de faire autrement, car ça nous apporte tellement de confort, et on n’est pas encore allé au bout des capacités.
Bref, voici quelques unes de nos actions sur le sujet :
- Tout notre matériel informatique est reconditionné. Il faut s’avoir que la pollution numérique, c’est avant tout l’équipement informatique.
- En proposant l’éco-conception de sites web (alors qu’on ne sait même pas coder, on fait des sites à Ecoindex A ou B)
- En proposant des formations sur la communication responsable avec un volet sur le digital responsable.
Comment FileVert vous aide dans cette démarche ?
En tant qu’agence de com, ce n’est pas rare qu’on envoie à nos clients des fichiers lourds, qu’il s’agisse de recommandations, de créations, ou de livrables. On a essayé plein de manières de le faire, et la meilleure solution que l’on ait trouvé dans ce cadre c’est l’envoi de fichier par Filevert.
- C’est simple, c’est un lien de téléchargement,
- C’est cool, on peut personnaliser notre page avec un compte premium
- On est régit par le droit français dans le cadre du RGPD
Et la réflexion environnementale est assez aboutie : alimentation des serveurs, durée de stockage ajustée… c’est déjà assez impactant d’envoyer des fichiers lourds, alors c’est mieux de ne consommer que le strict nécéssaire.
Le mot de la fin?
Bisous.
Vous pouvez retrouvez Wild&Slow sur leur site, leur Instagram ou encore leur Linkedin.