Chez Scaleway, l’impact environnemental n’est plus un angle mort.
L’entreprise a fait le choix d’intégrer pleinement les scopes 1, 2, 3, ainsi que la consommation d’eau dans sa mesure de performance environnementale.
Élise Auvray pilote le développement du calculateur d’empreinte carbone destiné à accompagner les clients dans leurs décisions techniques, cloud et climat.
Nous avons échangé avec elle pour comprendre comment Scaleway construit une infrastructure compatible avec les enjeux environnementaux actuels, mais aussi comment cette approche influence — ou inspire — les services numériques hébergés, de la conception jusqu’aux usages finaux.
Sommaire
- Usage du calculateur d’empreinte carbone
- Scopes 1, 2, 3 et eau : quel impact pour les clients ?
- Rôle d’un hébergeur dans l’éco-conception numérique
- Transparence des indicateurs PUE/WUE et mix énergétique
- FileVert : un exemple d’éco-conception appliquée
Usage du calculateur d’empreinte carbone
Vous avez développé un calculateur d’empreinte carbone très complet chez Scaleway. Quels usages concrets en font les DSI aujourd’hui ?
Notre calculateur d’empreinte carbone se décline en deux fonctionnalités principales pour répondre aux divers besoins de nos clients.
La première est une fonctionnalité d’estimation : sur chaque page de commande, nous affichons des données prévisionnelles de l’impact environnemental de nos offres. Cela permet à nos utilisateurs d’intégrer cette information dans leurs décisions d’infrastructure, au même titre que le prix ou les spécifications techniques, favorisant ainsi la mise en place d’infrastructures respectueuses de l’environnement dès la conception.
La seconde fonctionnalité du calculateur est axée sur la conformité réglementaire et l’obtention de certifications. Pour de nombreuses entreprises, la conformité à des réglementations comme la CSRD ou l’obtention de la norme ISO 14001 sont des priorités majeures.
Notre calculateur fournit un rapport mensuel détaillé de l’usage réel, au format PDF, indiquant les émissions de CO₂e et la consommation d’eau. Ce rapport constitue une source de données fiable et traçable que les DSI peuvent directement intégrer dans leurs rapports de durabilité ou leurs audits annuels. Enfin, ces rapports mensuels sont également utilisés par les entreprises pour calculer l’impact environnemental de leurs propres produits et transmettre ces données à leurs clients.
Scopes 1, 2, 3 et eau : quel impact pour les clients ?
Vous intégrez les scopes 1, 2, 3 ainsi que l’eau. Est-ce que cette approche plus complète change la manière dont vos clients conçoivent ou ajustent leurs services ?
Oui, cette approche complète, qui inclut les scopes 1, 2, 3 et la consommation d’eau, est fondamentale et change radicalement la manière dont nos clients conçoivent et ajustent leurs services.
Notre objectif, lors de la conception de ce produit, n’était pas simplement de fournir des données pour répondre à la réglementation, mais bien de fournir des données les plus précises et les plus complètes possible.
Nous voulons ainsi permettre à nos utilisateurs de réellement comprendre l’impact de leurs infrastructures et, par conséquent, d’agir concrètement pour les optimiser et réduire leur empreinte environnementale.
L’intégration de tous les scopes permet à nos clients d’avoir une vision holistique de leur impact, bien au-delà des émissions directes. Cela les encourage à prendre en compte l’intégralité du cycle de vie de leurs services numériques, depuis la fabrication des équipements jusqu’à leur fin de vie, en passant par la consommation d’énergie et d’eau de nos datacenters.
En disposant de ces informations détaillées, ils sont en mesure d’identifier les points chauds d’émissions et de consommation, et d’adapter leurs architectures, leurs choix technologiques ou même leurs pratiques de développement pour minimiser leur impact. Cela se traduit souvent par des décisions plus éclairées en matière de sélection d’instances, d’optimisation des charges de travail ou encore de rationalisation des ressources utilisées.
Rôle d’un hébergeur dans l’éco-conception numérique
Pensez-vous qu’un hébergeur peut, par sa posture technique et environnementale, influencer l’éco-conception des services numériques ?
Oui, absolument. Un hébergeur n’a pas seulement la capacité d’influencer l’éco-conception, il a la responsabilité et le pouvoir de le faire de manière significative.
Il peut agir comme un levier puissant pour tout son écosystème, en agissant à deux niveaux :
- Par ses outils et ses données
La première étape de toute démarche d’écoconception est de pouvoir mesurer l’impact de ses choix. C’est là qu’un hébergeur peut avoir une influence directe et immédiate. Notre calculateur d’impact environnemental a été précisément conçu en ce sens. En fournissant des données concrètes et précises sur les émissions de CO₂e et la consommation d’eau pour chaque ressource et chaque usage, un développeur ou une DSI peut désormais intégrer le critère environnemental à côté du coût et de la performance dans son processus de décision. De plus, notre comparateur d’impact, qui affiche l’empreinte estimée avant même de créer une ressource, influence directement les choix dès la phase de conception. - Par sa posture et ses choix stratégiques
Au-delà des outils, c’est l’engagement de l’hébergeur qui donne le ton à l’ensemble du marché. En mettant en place, par exemple, des programmes d’économie circulaire pour allonger la durée de vie de nos serveurs jusqu’à 10 ans, nous montrons que nous gérons l’empreinte carbone « incorporée » du matériel, de sa fabrication à sa fin de vie. Cette démarche influence les développeurs en les sensibilisant à l’importance de choisir un cloud dont les pratiques s’inscrivent dans une approche globale de la durabilité. De plus, en nous alignant sur des normes comme le Référentiel par Catégorie de Produit (RCP) de l’ADEME et en rendant publiques nos données et notre méthodologie de calcul, nous élevons le niveau d’exigence de l’ensemble de l’industrie. Nous encourageons nos concurrents et partenaires à faire de même, créant un cercle vertueux où la transparence devient une norme et un moteur d’innovation pour l’écoconception des services numériques.
Finalement, quand on parle d’impact du numérique, beaucoup pensent pouvoir agir uniquement sur la partie logicielle alors que c’est au niveau des infrastructures que se trouve la majorité de l’impact.
C’est notre rôle, en tant que cloud provider, de fournir les clés à nos utilisateurs pour optimiser leurs infrastructures et réduire leur impact.
Transparence des indicateurs PUE/WUE et mix énergétique
Vos indicateurs PUE/WUE sont publics et votre mix énergétique est 100 % renouvelable. Ces éléments deviennent-ils un critère de choix pour vos clients ?
Oui, ces indicateurs sont devenus un critère de choix essentiel pour nos clients.
La transparence de nos données PUE et WUE, accessibles publiquement, témoigne de notre engagement en faveur de la durabilité.
Nos utilisateurs apprécient particulièrement de savoir que nos datacenters fonctionnent avec un mix énergétique 100% renouvelable.
Pour nos installations à Paris, nous allons encore plus loin en offrant un accès en temps réel à l’évolution de ces indicateurs (par exemple pour la zone FR-PAR-2 : https://pue.dc5.opcore.eu/en/).
Cette fonctionnalité permet à nos clients de suivre précisément la performance environnementale de l’infrastructure qu’ils utilisent et d’intégrer ces données dans leurs propres démarches de reporting ou d’optimisation.
Cette transparence renforce leur confiance et les aide à faire des choix plus responsables en matière d’hébergement.
FileVert : un exemple d’éco-conception appliquée
Que pensez-vous de FileVert et de son innovation visant à simplifier son onboarding pour les DSI soucieuses de l’impact environnemental des transferts de fichiers lourds ?
L’approche de FileVert me semble tout à fait pertinente et représente une innovation très intéressante.
Elle répond à un besoin que nous voyons émerger de plus en plus chez nos clients : transformer la volonté de durabilité en action concrète et mesurable, sans complexifier leurs opérations.
Le transfert de fichiers lourds est un geste quotidien dont l’impact environnemental est souvent ignoré.
En affichant les données d’empreinte carbone (en kWh et gCO₂e) à chaque transfert, vous permettez aux utilisateurs de prendre conscience de ces données.
De plus, vous vous inscrivez dans une démarche d’éco-conception globale en ne stockant les fichiers que temporairement et en utilisant une infrastructure optimisée (serveurs français, énergie renouvelable).
Vous êtes un exemple parfait de la manière dont les éditeurs de logiciels peuvent influencer l’éco-conception des services numériques.
Vous ne vous contentez pas de parler de durabilité ; vous la transformez en une fonctionnalité concrète et mesurable.